Est-ce qu’une radiographie, dans le champ médical, ou une interprétation de l’infrarouge/ultraviolet, dans le domaine de l’astronomie, peuvent être considérés comme de la photographie à part entière ?

Cette question a été abordée par une connaissance, elle aussi passionnée par la photographie, qui a travaillé pendant de nombreuses années dans le secteur de l’imagerie médicale. Tout en plaisantant, le raisonnement a abouti sur le fait qu’elle a effectué des portraits pas très conventionnels de différents individus pendant toute sa carrière. Son approche, toutefois insolite et originale, est plausible.

Mais pouvons-nous considérer ce procédé comme une technique photographique ? Essayons donc d’y « voir » plus clair.

Tout ce qui est à portée de nos yeux et qui concerne donc la photographie est en lien direct avec le spectre de la lumière visible. Cette vaste gamme de couleurs est exprimée par des longueurs d’onde comprises entre la lumière violette (~430 nanomètres) et la lumière rouge (~680 nanomètres).

Il existe toutefois des longueurs d’onde que nos yeux ne peuvent pas capter. Par exemple la lumière infrarouge ou ultraviolette ainsi que les radiations ionisantes.

Que se passe t’il au-dessous (<430nm) et au-dessus (>680nm) du spectre visible ? Est-il possible de faire de la photographie avec la « lumière invisible » ?

D’un point de vue strictement physique, vu que les récepteurs présents au niveau de notre rétine ne peuvent pas percevoir ces signaux, la réponse à priori serait non ! (N.B. Certains rayonnements, comme les UV ou les rayons X, selon leur intensité sont même nocifs pour notre santé).

Il est toutefois possible de « convertir » ces signaux dans une palette de longueurs d’onde visibles. C’est le cas par exemple pour les radiographies ; où les rayons, après avoir traversé la matière, vont plus ou moins exposer certaines zones d’une pellicule ou d’un capteur photosensible pour ensuite les rendre visibles sous la forme d’images.

Et c’est le cas aussi pour les UV qui, entrant en contact avec certaines matières ou teintes, vont faire apparaitre des couleurs fluorescentes. Celles-ci, étant visibles, peuvent être photographiées. D’où l’idée d’utiliser cette propriété pour réaliser des portraits sous une exposition à la lumière ultraviolette.

C’est là qu’interviennent deux personnes qui ont souhaité se prêter à ce jeu photographique. Julie, en tant que modèle, avec laquelle nous avions déjà pu effectuer des test avec les UV auparavant et qui a accepté de poser pour cette nouvelle série de photos. Et Camille, Make-up Artist très douée qui a réalisé ce magnifique body painting. Je profite pour les remercier chaleureusement.

La difficulté principale de cet exercice a été représentée par l’absence quasi-totale de lumière lors des prises de vue en studio, ce qui a imposé des temps d’exposition lents (~1/15s) malgré une grande ouverture (F/4 – F/2.8) et une grande sensibilité (ISO 3200 – 6400).

Comme seule source de « lumière », deux néons UV (120cm / 36W) ont été utilisés en position verticale. Ces derniers ont été positionnés à +45°et -45° en face de la modèle pour permettre une exposition uniforme indépendamment de sa pose.